ANALYSE

Analyse

 

Sur cette page, vous trouverez un découpage narratif du film. Trois analyses de séquences vidéo sont proposées par Céline Saturnino, docteure en études cinématographiques et enseignante à l’Université Paul Valéry de Montpellier. Ces analyses évoquent, du point de vue de la mise en scène, la place de la mère, la place du père et le traitement des espaces dans le film. La notion de montage et la figure de l’ellipse sont évoquées et interrogent les choix de narration.

 

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DÉCOUPAGE NARRATIF

Réalisé par Céline Saturnino
D’après le DVD du film édité par France Télévisions Distribution

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Générique
00 -> 00’’14

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La fuite de Nora
00’’14 -> 16’’51

Profitant de l’absence de Paco, Nora quitte le campement avec ses fils, Thomas, Tsali et Okyesa, et se réfugie chez ses parents. Paco fait alors irruption, demandant à Nora de revenir. Ses fils répondent à l’appel et le rejoignent dans la rue, mais déjà les sirènes de police se font entendre. Au poste, la médiation entre les parents est difficile ; Paco doit se résoudre à laisser la garde provisoire des enfants à Nora.

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Vers une autre vie
16’’51 -> 21’’53

Un an plus tard, les trois enfants habitent dans un appartement avec leur mère. Paco vient les chercher pour les vacances, mais Thomas, le fils de Nora, refuse de le suivre. Sur la route avec Tsali et Okyesa, Paco explique dans une lettre son refus de ramener ses fils tant que la garde ne lui est pas accordée.

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Cavale
21’’53 -> 36’’16

Alors qu’ils ont établi leur campement où ils mènent une vie tranquille, les fugitifs sont surpris par la police. Aidés par des amis, ils fuient vers le sud de la France. Installés dans un abri de fortune au cœur d’une forêt, Paco et ses fils affrontent tour à tour l’ennui, les intempéries et l’angoisse d’être à nouveau retrouvés par la police.

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Vie sauvage
36’’16 -> 42’’20

Dans la forêt, Paco partage avec ses fils des moments de complicité. Il leur apprend à vivre en harmonie avec la nature et leur raconte sa rencontre avec Nora – leur entente immédiate et leur rêve commun de fonder une famille loin des normes établies par la société.

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Nouveau départ
42’’20 -> 47’’19

Les fugitifs sont hébergés dans une ferme, quand Paco trouve un journal faisant état des démarches de Nora pour retrouver ses fils. Tous trois reprennent la route, accompagnés de Céline, l’amie de Paco.

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Une autre famille ?
47’’19 -> 1’01’’38

Paco, Tsali, Okyesa et Céline sont installés dans une nouvelle ferme où ils vivent en communauté, partageant les diverses taches autant que les soirées amicales au coin du feu. Mais Tsali semble de plus en plus souffrir de l’absence de sa mère, tandis que Paco, apprenant qu’il est déchu de ses droits parentaux, écrit une lettre à Nora où il l’informe qu’il restera caché avec ses fils jusqu’à leur majorité.

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Adolescence et premiers désaccords
1’01’’38 -> 1’13’’23

Quelques années plus tard, Tsali, adolescent, fait la connaissance de Clara, une jeune fille dont il tombe amoureux. Des tensions apparaissent entre le père et ses fils : Paco reproche à ses fils d’être de plus en plus attirés vers « la norme » et de se laisser berner par la société de consommation. Tsali, las du mode de vie qu’il mène depuis des années, suggère à son père d’acheter une maison pour y vivre avec ses amis, proposition que Paco accepte à contrecœur.

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La communauté de Tsali et Okyesa
1’13’’23 -> 1’19’’46

Tsali et Okyesa partagent de plus en plus de temps avec leurs amis et investissent leur nouvelle maison. De violentes disputes éclatent entre Paco et Tsali, l’adolescent reprochant à son père d’imposer ses choix. Clara se rend compte que Tsali lui a menti sur sa situation et prend ses distances.

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Le mal-être de Tsali
1’19’’46 -> 1’29’’43

En conflit avec son père et délaissé par Clara, Tsali s’enfuit. Okyesa le retrouve sur un pont, prêt à sauter. Tsali confie à son frère qu’il ne supporte plus la vie qu’ils mènent et dont il se sent prisonnier. Le soir venu, Okyesa propose à son père un nouveau départ vers la Corse. Paco, de plus en plus seul, se résout à suivre les choix de ses fils.

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Retrouvailles
1’29’’43 -> 1’42’’28

La police encercle la maison et embarque Paco. Tsali et Okyesa se retrouvent au commissariat. Alors qu’ils réclament le droit de voir leur père, ils sont contraints à rencontrer leur mère, ce qu’ils acceptent dans l’espoir de faire retirer les charges qui pèsent sur Paco. Nora, bouleversée, tente de recréer du lien. Les adolescents, d’abord farouches, tombent finalement dans les bras de leur mère.

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Générique de fin
1’42’’28 -> 1’46’’37

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MISE EN SCÈNE

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POINT DE VUE : LES ENFANTS ET LEURS PARENTS

À travers ces deux vidéos, Céline Saturnino nous montre comment la représentation des parents à l’image et leur évolution dans le récit rendent compte des relations qu’ils entretiennent avec leurs enfants.

– la mère, qui dirige toute la première scène, sera ensuite une figure de l’absence fantasmée.
– le père omniprésent dont la relation avec ses enfants évolue très nettement.

 

 

 

 

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DIALECTIQUE SUR LES ESPACES

Dans le film Vie sauvage, l’espace est l’un des enjeux des personnages pour qui la quête de liberté passe par une fuite des lieux normés par la société, des lieux urbains, pour des espaces « sauvages » où Paco espère offrir une vie plus saine à ses enfants, en communion avec la nature. Céline Saturnino nous montre comment cet enjeu se traduit clairement en termes esthétiques à travers le traitement des différents espaces du film.

Les 3 vidéos ont été montées par Stéphan Balay.

 

 

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PAROLES DE MONTEUR

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LES SCÈNES COUPÉES

Le montage est, en audiovisuel, l’action d’assembler bout à bout plusieurs plans pour former des séquences qui forment à leur tour un film.

Dans un entretien extrait du DVD du film, le monteur de Vie sauvage, Simon Jacquet nous montre l’importance des choix au montage sur l’objet film.

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UN MONTAGE RADICAL

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LA PRÉSENCE DE LA MÈRE

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LA FIN DU FILM

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LE MOTIF DE L’ELLIPSE

Relatant une période couvrant une dizaine d’années, le récit de Vie sauvage fait naturellement de l’ellipse l’une de ses figures privilégiées. L’un de ses premiers usages implique l’absence quasi systématique de scènes expliquant la façon dont les fugitifs parviennent à trouver de nouveaux refuges. Le récit est alors scandé par de nets effets de rupture, accentuant la précipitation et le sentiment que les personnages abandonnent brusquement leur vie pour repartir à zéro. Une autre ellipse brutale est évidemment le passage de l’enfance à l’adolescence, à peine annoncée en voix off par Paco : « Nous resterons cachés jusqu’à la majorité des enfants ». Ce soudain bond en avant accentue l’évolution de Tsali et Okyesa qui, d’enfants en accord avec leur père, apparaissent en tant qu’adolescents en conflit avec le modèle parental. Enfin, c’est le personnage de Nora qui subit l’ellipse la plus violente puisqu’elle disparaît durant tout le récit de la cavale, le récit manifestant alors littéralement son absence.

Céline Saturnino